Généalogie de la raison d’État. L’exception souveraine du Moyen Âge au baroque
Julien Le Mauff
LE MAUFF Julien, Généalogie de la raison d’État. L’exception souveraine du Moyen Âge au baroque, Paris, Classiques Garnier, 2021.
ISBN : 978-2-406-12159-6.
L’exception à la loi comme attribut de la souveraineté : ainsi s’inventerait la modernité politique, qui fait s’évanouir les règles du bon gouvernement. Son examen, jusqu’à la raison d’État, peut en effet révéler la formation de la gouvernementalité moderne.
TABLE DES MATIÈRES
Abréviations 11
Préface 13
Introduction générale 19
PREMIÈRE PARTIE
NÉCESSITÉ, UTILITÉ ET POSSIBILITÉ
DE L’EXCEPTION
Le pouvoir selon Jean de Salisbury
Un espace pour l’exception ? 45
Parler du pouvoir au xiie siècle 46
Jean de Salisbury, auteur politique ?
Le Policraticus et son projet 46
Pratique gouvernementale et ancrage moraliste 55
Un vocabulaire politique nouveau 58
Le Policraticus, l’utilité commune et l’exception 65
Ratio necessitatis aut utilitatis : une portée limitée 65
Aequitas, utilitas et interprétation de la loi 69
Ce que justifie l’utilité publique :
pour les sujets, pour le prince 75
Le corps politique : nécessité d’un pouvoir
et utilité du peuple 80
L’analogie organique : expression naturaliste
et fiction politique 81
Nécessité de la loi et légitimité du pouvoir 88
Nécessité du prince et utilité du peuple :
un lien indéfectible 91
Tyrannie et tyrannicide
L’exception face au paradigme pastoral 99
La figure du tyran au Moyen Âge 100
L’opposition entre roi et tyran, lieu commun
des discours médiévaux 100
Visages et utilité du tyran 103
Le thème médiéval du tyrannicide :
une importance surestimée 109
Le bras de Dieu 109
Une parenté incertaine, un thème d’actualité 115
Thomas d’Aquin et le déni de l’exception morale 118
Persistance et actualisation des discours, du paradigme
pastoral à la pensée souveraine 122
Une défense de la tyrannie ? Le cas de Roger de Sicile 122
Le tyrannicide accepté ? 125
Du dilemme moral à la pensée souveraine :
l’absolutisation du rejet du tyrannicide 132
DEUXIÈME PARTIE
PARCOURS DE LA NÉCESSITÉ
LES DEUX DROITS, LA THÉOLOGIE ET L’IMPÔT
Nécessité et exception
Doctrine canonique et pratique pontificale 141
Nécessité et exception dans le droit canonique 141
Le succès de l’adage necessitas non habet legem 142
Le Prologue d’Yves de Chartres, un traité de la dispense 148
La nécessité au cœur de la dispense 150
L’argument de la nécessité utilisé par la papauté 157
La nécessité et la légitimation des enfants
de Philippe Auguste 158
Premières applications fiscales 161
Droit et pratique du droit chez Innocent III 164
Thomas d’Aquin penseur de l’exception 167
Thomas d’Aquin, penseur politique ? 167
La théologie thomiste et la politique 168
La loi et son fondement : le bien commun 169
La necessitas et ses significations chez Thomas 171
Thomas d’Aquin et les cas d’exception 174
L’existence de cas d’exception à la loi 174
La dispense selon Thomas d’Aquin 177
Nécessité, bien commun et exception :
une théorie thomiste de la raison d’État ? 179
Le vol en cas de nécessité, une exception sans utilité commune 181
Une exception largement admise 181
L’autorisation du vol par Thomas d’Aquin 185
Nécessités de la guerre et bien commun
Un parallélisme entre pensée civiliste et pensée thomiste 189
La doctrine romaniste de la nécessité et la défense de la patria 189
La diffusion de la nécessité dans les théories romanistes 190
La défense du royaume comme guerre licite et nécessaire 193
Pro patria defensione : un nationalisme médiéval ? 196
La guerre et l’exception, du contexte à l’objet ? 200
Thomas d’Aquin et les romanistes : évolutions parallèles 202
Thomas d’Aquin et le droit romain 203
Guerre et bien commun chez Thomas d’Aquin 205
Nécessité et exception fiscale en France et en Angleterre aux xiiie et xive siècles 211
L’exception fiscale anglaise, d’Henri III à Édouard Ier 212
Henri III et le soutien décisif d’Honorius III (1225-1227) 212
Perpetua necessitas : vers la fiscalité permanente 217
Un impact incertain et peu durable 219
L’exception fiscale française sous Philippe le Bel (1297) 223
L’affaire de la décime et l’argument de la nécessité 224
La nécessité au cœur des discours royaux
et des débats scolastiques 226
Du dénouement de l’affaire de la décime
à la guerre de Flandre 232
La limite de la nécessité : Cessante causa cessat effectus 235
TROISIÈME PARTIE
PENSER L’ÉTAT
Autonomie et sécularisation de la politique, persistance du modèle pastoral 249
Imperium et pouvoir sur la loi : affirmation souveraine et sécularisation de la politique 250
L’affirmation de la doctrine du rex imperator in regno suo 250
Une approche sécularisée de la loi : le retour des maximes d’Ulpien et la « science de politiques » d’Oresme 256
Frédéric II, le Liber augustalis et l’empereur comme lex animata 260
Miroirs et portraits des princes : moralisme ou autonomie ? 264
Les miroirs des princes, véhicule du moralisme politique 264
Gilles de Rome : un miroir affranchi du moralisme 266
La persistance de la tradition moraliste : des miroirs des princes à l’humanisme des vertus 273
Politique et pragmatisme :
une doctrine de la dissimulation au xve siècle ? 283
Ockham, l’héritage franciscain et l’affirmationde la nécessité 295
La pensée politique ockhamienne
et l’influence de la culture franciscaine 296
La pensée politique du second Guillaume d’Ockham 296
Culture franciscaine et redéfinition de la nécessité 300
La pensée de la contingence de Jean Duns Scot à Ockham 303
L’opérationnalisation des principes théologiques : le cas de la potentia absoluta 308
La nécessité selon Ockham 312
La trinité argumentative de Guillaume d’Ockham : nécessité, utilité et équité 312
Le rapport renouvelé de la politique à la sphère spirituelle 315
La nécessité ockhamienne, vers la raison d’État ? 318
Du public à l’étatique 323
Conserver, augmenter, accroître 325
Conserver le pouvoir 325
Inaliénabilité, conservation et perception géographique du pouvoir 328
Corona regni : permanence de la dignité royale, souveraineté de son pouvoir 333
La souveraineté selon Marsile de Padoue : l’imminence de l’État ? 338
L’homme et sa pensée : le problème constitutionnel 338
La nécessité d’un pouvoir unique : l’influence de Dante 342
Le principat marsilien vers l’abstraction étatique :
réalités médiévales d’une fiction légale 347
Une souveraineté communautaire 352
Vers l’État 355
Oresme, inventeur du pouvoir territorial ? 355
Le long cheminement vers le stato unifié de Machiavel et Guichardin 362
Giovanni Botero et la lente généralisation de l’idée d’État 369
QUATRIÈME PARTIE
LE SIÈCLE DE LA RAISON D’ÉTAT
Moment machiavélien et raison d’État 383
La « révolution Machiavel » et la raison guichardienne 384
Machiavel sans le machiavélisme 384
Fortuna et necessità 386
Une nouvelle virtù ? 392
Le bien et le mal et la raison d’État :
Machiavel, Guichardin, Della Casa 396
Raison et « necessite d’estat » : la diffusion
des idées machiavéliennes et anti-machiavéliennes 403
Le renouveau tacitien, seconde source de la raison d’État 404
Machiavélisme et anti-machiavélisme français 408
Catherine de Médicis et la « necessite d’estat » 412
Des raisons d’État
Réécritures et redéfinitions 417
Botero, une raison d’État anti-machiavélienne 418
Raison contre raison 418
De l’ars regnandi à la science de l’État 419
La raison d’État des juristes et l’encadrement de l’exception 425
Une réinterprétation de Tacite : Scipione Ammirato 425
Le général et le particulier 431
La diffusion de la raison d’État juridique 434
Conclusion
Le masque et la grenade 439
Sources 453
Bibliographie 475
Index nominum 517
Index operum 523
Index rerum 525