La Cour de Vienne, 1680-1740. Service de l’empereur et stratégies spatiales des élites nobiliaires dans la monarchie des Habsbourg
Éric Hassler
Éric Hassler : La Cour de Vienne 1680-1740. Service de l’empereur et stratégies spatiales des élites nobiliaires dans la monarchie des Habsbourg, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2013, 384 p., ISBN-10 2868204945, ISBN-13 9782868204943, 27 €.
Présentation
Parmi les cours princières de l’époque moderne la cour de Vienne présente un profil atypique. Loin des images d’Épinal ou des théories sociologiques de Norbert Elias qui font de la cour princière le lieu du faste monarchique et de la soumission de la noblesse, la cour de Vienne, pourtant auréolée du titre d’"impériale", présente une toute autre réalité, celle de souverains modestes et peu visibles et d’une noblesse au prestige et aux revendications affirmées. En effet, en donnant un poids particulier aux grands lignages, avec leur triple attribution, seigneuriale, courtisane et provinciale, le système politique de la monarchie des Habsbourg favorise leur relations étroites - politiques, fiscales, financières ou symboliques -, en collaboration ou en concurrence avec le souverain.
Ce livre aborde la cour de Vienne du point de vue novateur des élites nobiliaires, plutôt que de celui du monarque, en examinant la question de leur présence à Vienne. En s’appuyant sur des sources très diversifiées - archives publiques ou privées, imprimés et almanachs de cour, documents cartographiques ou iconographiques -, l’auteur reconstitue les stratégies de présence ou d’absence, de proximité ou d’éloignement des différents lignages, mettant ainsi en lumière l’attractivité de la cour. L’étude des pratiques immobilières et de la vie de résidence dans l’entourage de la cour permet de mesurer l’ancrage urbain de l’aristocratie et ouvre des perspectives sur le quotidien et le prestigieux de la sociabilité et des festivités, des demeures nobles et des maisonnées.
La cour de Vienne apparaît ainsi comme un organisme complexe où le pouvoir s’exerce autant dans les palais de la noblesse qu’à la Hofburg, et où, au gré des alliances et des concurrences, un petit groupe de familles aristocratiques, omniprésentes, s’impose grâce à de savants calculs matrimoniaux et au contrôle des principaux leviers de pouvoir.