Les Climats du pouvoir : rhétorique et politique chez Bodin, Montesquieu et Rousseau
Richard Spavin
Richard Spavin, Les Climats du pouvoir : rhétorique et politique chez Bodin, Montesquieu et Rousseau, March 2018, Oxford University Studies in the Enlightenment, ISBN 978-0-7294-1207-0, 272 pages
Les analyses fondées sur l’environnement, qui font du terrain ou de la température des facteurs explicatifs de la diversité humaine, dominent les discours anthropologiques de l’Ancien Régime. Richard Spavin montre que ces théories climatiques révèlent des démarches contestataires à lire à côté des théories de la souveraineté, du constitutionnalisme et du républicanisme.
Richard Spavin fonde son analyse sur trois auteurs qui ont une vision relativiste du déterminisme climatique. Si, pour Bodin, Montesquieu et Rousseau, les théories des climats expliquent les causes géographiques derrière la diversité des sociétés, elles recèlent également une dimension métaphorique. Pour eux, les climats mettent en récit des visions du pouvoir : les limites du politique sont comparées aux obstacles géographiques ; la finalité politique ne se trouve plus dans le corps du monarque mais dans le sol, auquel le monarque et son peuple appartiennent ensemble. L’auteur invite notamment à relire à nouveaux frais les dérangeants livres de ‘L’Esprit des lois’ qui semblent justifier l’esclavage dans certaines régions éloignées du contexte européen.
Les théories des climats révèlent ainsi une face cachée de la philosophie politique de l’Ancien Régime. Richard Spavin en réévalue le socle philosophique et en dévoile l’ironie qui demeurait jusque-là inaperçue. Il montre que les climats sont un outil rhétorique efficace pour penser le nouvel ordre moral de la modernité.