Hittorff, un architecte à l’école de la Grèce
Adeline Grand-Clément
Adeline Grand-Clément, "Hittorff, un architecte à l’école de la Grèce", Anabases, 6, 2007, 135-156.
Résumé de l’article
Jacques-Ignace Hittorff (1792-1867) apparaît comme une figure à la fois emblématique et singulière dans l’Europe du XIXe siècle. Cet architecte et archéologue originaire de Rhénanie, formé à l’École des Beaux-Arts, s’est installé à Paris pour y exercer ses talents d’helléniste et d’artiste. Il a contribué aux progrès de la science archéologique, en se faisant l’inventeur et le théoricien de la polychromie monumentale des Grecs. Renouant le lien entre l’architecture antique et l’architecture moderne sur des bases neuves, il a promu une réappropriation plus libre de la tradition classique et a contribué à précipiter la fin du règne du néo-classicisme, alors dominant en Europe. Il a ainsi mis à profit le fruit de ses recherches érudites pour concevoir des édifices qui portent la trace d’une greffe audacieuse de la bigarrure antique : c’est le cas du Cirque d’Hiver et de l’église Saint-Vincent de Paul. Pour autant, le rapport tissé entre ses activités d’archéologue et celles d’architecte n’est pas à sens unique : elles entretiennent une relation dialectique dynamique et complexe. En effet, son travail d’historien a été pour une bonne part motivé et guidé par un désir de justifier et de faire accepter auprès des Parisiens ses propres projets polychromes.