L’hôtel de Condé, une demeure princière au faubourg Saint-Germain (1582-1666)
Etienne Faisant
Faisant Etienne, « L’hôtel de Condé, une demeure princière au faubourg Saint-Germain (1582-1666) », Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, tome 94, 2015, p. 243-283.
Extrait de l’article
Les rues Monsieur-le-Prince et de Condé constituent aujourd’hui les seules traces, dans l’urbanisme parisien, de ce qui fut l’une des plus grandes demeures de la ville aux temps modernes. Vendu en 1771-1773 puis détruit pour permettre la construction du théâtre de l’Odéon, l’hôtel de Condé fut en effet au Grand Siècle une résidence digne de ses propriétaires, premiers princes du sang, tant par la richesse de ses bâtiments et de leurs décors que par son ampleur. Dans les premières études qui lui furent consacrées, Adolphe Berty puis Maurice Dumolin tentèrent d’ailleurs de retracer les grandes lignes de l’histoire de la constitution de cette vaste parcelle. Après la publication en 1961 de marchés attestant que François Mansart y avait travaillé en 1664-1665 et suggérant qu’il avait pu diriger une autre campagne menée quelques années plus tôt, ont par ailleurs été signalés d’autres travaux conçus par Jacques Lemercier et par Jules Hardouin-Mansart. Ces interventions n’ont toutefois donné lieu qu’à des études ponctuelles qui n’ont pas encore été complétées par une monographie. La découverte du marché de la première campagne menée par François Mansart incite donc à reprendre l’examen de cette grande demeure, depuis ses origines jusqu’aux travaux dirigés par cet architecte.
À Saint-Germain-des-Prés, l’actuelle rue Monsieur-le-Prince conserve le tracé d’un chemin établi le long d’une portion du fossé bordant l’enceinte de Philippe-Auguste6. Cette voie fut bientôt complétée par une autre, de biais, qui devint la rue Neuve-Saint-Lambert puis de Condé. Avec la rue de Vaugirard au sud, ces trois anciens chemins délimitèrent un terrain vaguement triangulaire, qui resta longtemps planté de vignes et ne fut loti qu’au début du xvie siècle. Les religieux de l’abbaye de Saint-Germain baillèrent alors à rente des parcelles prises sur le côté oriental de la rue Neuve.