La maison du bourgeois gentilhomme : l’Hôtel Salé, 5, rue de Thorigny, à Paris
Jean-Pierre Babelon
Jean-Pierre Babelon, "La maison du bourgeois gentilhomme : l’Hôtel Salé, 5, rue de Thorigny, à Paris", dans Revue de l’Art, année 1985, n° 1, p. 7-34.
Extrait de l’article
L’Ancien Régime excellait à donner des surnoms. Marcel Proust décrivant le monde traditionnel de la vieille aristocratie l’a relevé bien des fois. Dans le cercle des Guermantes on se plaît ainsi à désigner Palamède de Guermantes (Charlus) et Annibal de Bréauté de petits noms puérils : Même et Babal. La société parisienne du milieu du XVIIe siècle avait donné des noms aux hôtels nouvellement bâtis : l’hôtel Bautru, c’était le Gentil, l’hôtel d’Emeri, c’était le Commode, et l’hôtel de Senneterre, le Grand. Lorsque Pierre Aubert construisit le sien, le populaire qui n’aimait pas les gabelous, et moins encore ceux qui bâtissaient des palais avec ce qu’ils tiraient des contribuables, trouva aussitôt le sobriquet qui convenait : l’hôtel Salé. Cela disait bien ce que cela voulait dire. L’étonnant est que le nom lui resta, et de la façon la plus officielle.