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La reconstruction du Palais de Justice à Paris après l’incendie de 1776. Le rôle des architectes face aux enjeux politiques 

Gaël Lesterin

Lesterlin Gaël, « La reconstruction du Palais de Justice à Paris après l’incendie de 1776. Le rôle des architectes face aux enjeux politiques », Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, tome 80, 2001, p. 81-121.

Extrait de l’article

En 1992, Werner Szambien notait, dans La justice en ses temples, que « l’histoire architecturale du Palais de Justice de Paris » restait à écrire et il évoquait, pour sa façade, la « solution mitigée pour l’extérieur : un important perron est flanqué d’arches à la Piranèse — élément moderniste - mais conduit à un porche aux colonnes engagées et surmonté d’une toiture dont la forme évoque plutôt un édifice royal » (fig. 1). Si la présente étude de la reconstruction du Palais après l’incendie de 1776 part du même constat, elle en inverse le raisonnement, pour s’attacher au détail de la réalité d’un chantier au quotidien, mis en rapport avec la crise politique et économique aiguë dont il fut l’un des centres. À la fois siège historique de la monarchie et du Parlement de Paris, le Palais de Justice est porteur de valeurs symboliques distinctes, dont la cohabitation des registres formels lors de la reconstruction va être l’un des enjeux principaux. Et au-delà, sa position centrale dans la capitale d’un pays malmené par d’incessants conflits de juridictions rend l’événement particulier au regard des multiples projets d’embellissement du cœur de Paris qu’il inspira au cours des deux derniers siècles. Pourtant il semble que ce soit plus la configuration de l’édifice et le parti architectural initial qui aient présidé à la mise en place d’une écriture spécifique à ses fonctions pratiques et à sa valeur symbolique. D’une part, la reconstruction reste circonscrite aux seules parties détruites et affecte principalement la « façade » orientale de l’ensemble dont la logique distributive demeure. D’autre part, les interventions sont successivement dirigées par deux générations d’architectes dont les pratiques révèlent une évolution importante de la profession à cette époque. Aihsi’cette étude a-t-elle pour objectif de mettre en valeur les aspects architectoniques de la reconstruction du Palais de Justice afin de rétablir une chronologie restée mal connue et permettre peut-être de réévaluer la part respective qui revient à chacun des protagonistes engagés.

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