Extrait de l’article

Parmi les résidences royales que Saint-Simon fut amené à fréquenter de façon régulière, Marly occupe un rang privilégié. On sait en effet quel prix Louis XIV avait su donner à ces séjours brefs et répétés, auxquels, par sa seule faveur, assistaient uniquement les courtisans qu’il invitait personnellement. En être marquait aux yeux de tous combien l’on était proche du souverain ; ne pas en être, en revanche, témoignait publiquement de la plus sévère défaveur. Saint-Simon, à la fois sans cesse avide d’être proche du souverain et perpétuellement tourné à bien marquer sa superbe et son indépendance, incarne à merveille l’exemple de ces invités royaux tour à tour admis puis refusés. Ainsi, la lecture des Mémoires constitue-t-elle sans aucun doute le plus précieux témoignage sur la vie quotidienne de la cour à Marly ; bien plus que la description des lieux, dont bien d’autres sources nous livrent le détail, c’est la présence même de leurs hôtes, leurs habitudes, la mécanique brillante mais inconfortable qui leur était imposée, que Saint-Simon nous livre au jour le jour.

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