Saint-Simon chez les propriétaires de châteaux
Georges Poisson
Poisson, Georges. Saint-Simon chez les propriétaires de châteaux, Cahiers Saint-Simon, n° 37, 2009. Mécènes et collectionneurs, p. 67-76.
Extrait de l’article
Chacun sait que Saint-Simon n’est pas un descripteur, qu’il ne cherche pas à planter le décor. Non qu’il ne se soit intéressé au paysage extérieur qui le séduisait, aux décors intérieurs dans lesquels il évoluait : de très brèves notations le prouvent. Mais son énorme manuscrit raconte des événements, trace le portrait physique et moral de leurs acteurs et dit son jugement : il ne cherche pas à écrire autre chose et souvent sans se mettre en scène. Il s’efface devant les épisodes racontés à tel point que l’on a souvent du mal à déterminer s’il était vraiment présent ou si son récit est de seconde main. Rarement, il avoue sa présence : «Je fus curieux de l’entrevue» (Marly, 22 avril 1708). Mais l’on a souvent l’impression qu’il cache sa présence et que, tel le diable boiteux de Lesage, héros qui est son contemporain, il cherche à soulever le toit des maisons pour regarder sans être vu.
Il est plus sensible à l’aspect général des lieux : « belle maison, belle terre », mots qui se retrouvent souvent sous sa plume, qu’au décor intérieur, où seules retiennent sa vue et sa mémoire les marionnettes qu’il regarde évoluer avec le sourire. Rappelons qu’à Meudon la seule tapisserie à retenir son attention l’est non par sa facture, mais pour sa représentation d’un point de cérémonial. Alors, sans parler des hôtels parisiens, essayons de recenser les châteaux visités par lui et de relever ce qu’il en dit. Recherche décevante, car, surtout dans la vie publique de Saint-Simon, les descriptions sont rares. Non qu’il ne s’intéressât pas aux salons traversés, mais ce n’était pas son sujet.
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