Versailles, le phantasme de l’absolutisme (note critique)
Alain Guéry
Alain Guéry, "Versailles, le phantasme de l’absolutisme (note critique)", dans Annales, 56e année, 2001/2.
Extrait de l’article
Au terme du XXe siècle, soit plus de trois siècles après que le roi Louis XIV l’eut inauguré en y installant sa cour, le palais de Versailles continue d’attirer les historiens. Et ceux-ci trouvent encore dans l’examen du monument, de son architecture, de sa disposition urbanistique, de son décor, de ses jardins, matière à des analyses nouvelles, comme si Versailles demeurait pour nous une énigme historique, tant dans son projet que dans sa réalisation. Et sans doute est-ce bien le cas. Au-delà même de l’admiration esthétique qu’il suscite encore chez les milliers de touristes qui le visitent chaque année, le palais du Roi-Soleil ne peut qu’interroger sur sa raison d’être même. Versailles est aujourd’hui un monument et un moment d’art, avant d’être un lieu et un espace de pouvoir. Et l’émotion que suscita la tempête de décembre 1999, qui détruisit une partie du parc, l’a montré à l’envi. Or, dans le même temps, les conservateurs du château virent dans cette catastrophe l’occasion d’accélérer sa restauration, dont la composition, de retouches en modifications, ne reflétait plus guère ce qu’il était à l’origine.