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Fontainebleau et les arts décoratifs : l’exemple du vitrail

Guy-Michel Leproux

Leproux, Guy-Michel, "Fontainebleau et les arts décoratifs : l’exemple du vitrail", dans Journal des savants", 1986, n° 1-3, p. 133-154.

Extrait de l’article

L’importance accordée aux éléments décoratifs par l’École de Fontainebleau pourrait faire penser que le style créé par les peintres et stucateurs dans les années 1530 fut rapidement adopté par les autres disciplines artistiques, et ce avec d’autant plus de facilité que les graveurs assuraient une large diffusion des compositions créées dans l’entourage du Rosso et de ses successeurs. Mais, en fait, cette assimilation se fit à des dates diverses et, les mécanismes de création différant sensiblement d’un métier à l’autre, chacun doit faire l’objet d’une étude particulière. Ainsi, le vitrail qui est l’un des seuls arts décoratifs à permettre des datations précises basées sur d’autres éléments que l’étude stylistique, montre qu’il serait abusif de tout expliquer par le recours aux estampes : plusieurs réalisations des années 1540-1541 trahissent déjà des influences maniéristes, alors que c’est seulement dans les années suivantes que les ateliers de graveurs commencèrent à faire connaître les créations de Fontainebleau. En revanche, des liaisons étroites avec les autres arts picturaux ont pu favoriser la compréhension des nouveaux courants par les peintres-verriers : dès 1527 en effet, les comptes des Bâtiments du Roi signalent la présence de deux d’entre eux sur les chantiers royaux d’Ile-de-France. À Fontainebleau même, Jean Chastellain réalisait aussi bien les vitreries blanches que les vitraux de la chapelle. La même année, Jean de la Hamée reçut plus de deux mille livres en paiement d’ouvrages réalisés à Fontainebleau, Boulogne et Villers-Cotterets. Il figure ensuite régulièrement dans les comptes, avec Chastellain, puis, après la mort de celui-ci en 1541, avec Nicolas Beaurain. D’autres, comme Jean Despoys, Thomas Mignot ou Antoine Ledere, intervenaient plus ponctuellement. Plusieurs maîtres purent donc, sinon participer à ce renouveau des arts à la cour royale, du moins en prendre connaissance et, à des degrés divers, s’imprégner du style maniériste bien avant qu’il ne fût diffusé par les imprimeurs.

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