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La Manufacture royale des glaces et Versailles aux XVIIe et XVIIIe siècles 

Maurice Hamon

Hamon Maurice, « La Manufacture royale des glaces et Versailles aux XVIIe et XVIIIe siècles », Versalia. Revue de la Société des Amis de Versailles, n° 20, 2017, p. 135-156.

Extrait de l’article

L’étude des commandes de glaces pour Versailles et Trianon aux XVIIe et XVIIIe siècles est l’occasion de mettre à mal quelques légendes, de se pencher sur une innovation technique décisive, le coulage de la glace, à la source de nouveaux canons décoratifs. On lui doit en effet la transformation du décor intérieur à la française qui, des bâtiments du roi aux réalisations privées, gagnera de proche en proche le second oeuvre tout au long du XVIIIe siècle et sera imité dans les palais de toute l’Europe. Contrairement à une idée souvent reprise par des articles de grande vulgarisation, voire des notices historiques, la création par lettres patentes d’octobre 1665 d’une Manufacture royale des glaces de miroirs ne vise pas à pourvoir aux seuls besoins de la Surintendance des Bâtiments et des chantiers royaux. Elle s’inscrit dans le cadre plus vaste du plan d’action mercantiliste de Colbert, formalisé un an plus tôt dans son mémoire pour le premier Conseil de commerce.
Dans le seul secteur des miroirs, des statistiques douanières l’ont alerté : s’agissant seulement du premier trimestre de 1660, il avait été importé dans le royaume pour 120 000 livres de glaces. En 1665 même, les bureaux des cinq grosses fermes comptabilisent l’entrée de 216 caisses de glaces de Venise, puis de 62 autres pendant le premier trimestre de 1666. C’est que, rares encore avant 1630, les miroirs, malgré leur coût élevé, deviennent l’objet d’un véritable engouement à partir du milieu du XVIIe siècle. La noblesse en réclame pour ses salles de bal ou de réception afin d’en rehausser l’éclat. La mode du cabinet de glaces fait fureur dans les hôtels particuliers. On veut en pourvoir même les petits espaces intimes comme les garde-robes. La mode a aussi gagné la société aisée. À partir de 1660, les miroirs sont présents dans deux inventaires parisiens sur trois.

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