Le livre et le diagramme : systèmes décoratifs de la galerie au XVIIe siècle
Alain Mérot
Mérot, Alain, "Le livre et le diagramme : systèmes décoratifs de la galerie au XVIIe siècle", dans Bulletin Monumental, tome 166, n° 1, année 2008, p. 21-26.
Extrait de l’article
Il est des galeries intimes, comme celle de l’hôtel Amelot de Bisseuil, à Paris (douze mètres de long), de majestueuses, comme la Galerie des Glaces de Versailles (soixante-dix-sept mètres) et de gigantesques, comme la Grande Galerie du Louvre (qui atteint les quatre cents mètres). Mais, quelles que soient ses dimensions, ce type d’espace suppose certaines proportions (il est beaucoup plus long que large) et un usage (c’est à l’origine un lieu de passage et de promenade) qui détermine un certain parcours. La distribution de son décor, étroitement lié à l’architecture, repose donc sur un rythme particulier. Le maître d’ouvrage se trouve confronté à deux problèmes majeurs qu’il lui faut concilier : répartir le décor en modules séparés, tout en reliant entre elles ces différentes parties pour donner à l’ensemble son unité. Cette double difficulté doit, de surcroît, être résolue à deux niveaux différents qui n’obéissent pas à la même logique structurelle et distributive : les parois et la voûte. Ajoutons que du côté de l’usager ou du spectateur, la réception du décor oscille aussi entre deux approches : une lecture analytique et une perception d’ensemble. Ces limites une fois posées, on constate que les solutions expérimentées en France pendant l’âge d’or des galeries - du règne de François Ier à la Régence - sont d’’une grande richesse. On voit en moins de deux siècles se succéder projets et réalisations sur un rythme rapide. Une étude chronologique rigoureuse montrerait que l’évolution des décors utilisés et de leur style, n’est certes pas simple et linéaire, mais comporte des lignes de force que je voudrais faire rapidement ressortir.