Les porcelaines orientales du Garde-Meuble de la Couronne de Louis XIV à Louis XVI
Stéphane Castelluccio
Castelluccio, Stéphane. Les porcelaines orientales du Garde-Meuble de la Couronne de Louis XIV à Louis XVI, Versalia. Revue de la Société des Amis de Versailles, n° 15, 2012, p. 45-70.
Extrait de l’article
Depuis le Moyen Âge, la porcelaine chinoise fascinait les Européens par le mystère de sa lointaine provenance et de sa nature. Elle était parfois assimilée à une pierre ou à un coquillage, et les secrets de sa fabrication demeuraient inconnus en Occident. Rares, donc considérées comme précieuses, les porcelaines se voyaient collectionnées par les princes et les souverains, qui les enrichissaient de montures d’or ou d’argent à l’égal des vases de pierres dures, des cornes de licorne ou des bézoards. À la fin du XVe siècle, la découverte par les Portugais de la route maritime vers les Indes, via le cap de Bonne-Espérance, entraîna le développement du commerce direct avec la Chine et l’augmentation spectaculaire des importations de porcelaines. Au siècle suivant, Philippe II d’Espagne avait ainsi réuni un ensemble exceptionnel avec quelque 3 000 pièces, essentiellement des bleus et blancs. En 1553, les Médicis possédaient 400 porcelaines, dont 59 céladons et 289 bleus et blancs. Le contraste était frappant avec la pauvreté dans ce domaine des collections royales françaises contemporaines.