Les tapisseries de la Couronne à l’époque de Louis XIV. Du nouveau sur les achats effectués sous Colbert
Jean Vittet
Vittet, Jean. Les tapisseries de la Couronne à l’époque de Louis XIV. Du nouveau sur les achats effectués sous Colbert, Versalia. Revue de la Société des Amis de Versailles, n° 10, 2007, p. 182-201.
Extrait de l’article
Par son importance numérique et la qualité des pièces dont elle était composée, la collection de tapisseries de Louis XIV représente un incontestable moment d’apogée dans la constitution des grandes collections européennes et le goût pour la tapisserie au XVIIe siècle. Cette collection, dont le point de départ était le propre héritage ancestral du roi (François Ier, Henri IV), fut augmentée tout d’abord par des achats, et par la suite par des tissages des manufactures françaises. Mais si les productions contemporaines des manufactures du Grand Roi (Gobelins, Beauvais, Aubusson) sont relativement bien connues, si les acquisitions de grandes collections ont pu être étudiées (Mazarin, Foucquet), la présence de nombreuses autres tentures n’a en revanche jamais vraiment pu être explicitée. Pour la période allant de 1661 à 1683, qui correspond au ministère de Colbert au service de Louis XIV, les sources qui ont été communément employées jusqu’à présent sont les Inventaires du mobilier de la Couronne, le Journal du Garde-Meuble et les Comptes des Bâtiments du roi. Cependant, ces sources ne commencent ou n’apportent de renseignements utiles qu’à partir de 1666 et ne sont pas toujours très précises, le Journal du Garde-Meuble étant même incomplet jusqu’en 1671. Il existe pourtant pour cette période une source restée à ce jour à peu près inexploitée sur ce sujet, qui peut donner des informations capitales sur la provenance, la date d’achat ainsi que le prix payé d’un grand nombre des tapisseries. Il s’agit des Comptes du Trésor royal conservés dans la série des Mélanges Colbert du département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, qui présentent l’avantage supplémentaire de débuter dès l’année 1662.