Les vitraux de l’église d’Eu. Une commande de Louis-Philippe à la manufacture de Sèvres (1833-1847)
Dominique Morel
Dominique Morel, "Les vitraux de l’église d’Eu. Une commande de Louis-Philippe à la manufacture de Sèvres (1833-1847)", dans Revue de l’Art, 1994, n° 1, p. 68-76.
Extrait de l’article
En 1821, le duc d’Orléans, futur Louis-Philippe, reçut en héritage de sa mère le domaine d’Eu. Il chargea l’architecte Fontaine d’embellir et de restaurer le château qui avait été construit par les Guise à l’emplacement d’une ancienne forteresse féodale !. Il y séjourna régulièrement avec sa famille et y reçut à deux reprises, en 1843 et en 1845, la reine Victoria.
Située non loin du château, l’église paroissiale Notre-Dame-et-Saint-Laurent d’Eu, dont la construction remonte à la fin du XIIe siècle bénéficia aussi de la sollicitude du duc d’Orléans. Les tombeaux des comtes d’Eu qui avaient été déposés en 1792 dans la crypte, firent l’objet d’une restauration confiée à l’architecte Chesnon et au sculpteur Fourquet. Dans son ouvrage sur le château d’Eu, paru en 1838, Fontaine se fit l’interprète du roi pour expliquer qu’une même idée était à l’origine des campagnes de restaurations de l’église et du château d’Eu : « La judicieuse pensée qui a fait restaurer et renaître en quelque sorte dans son état primitif l’antique demeure des Guise, voulut en même temps que les tombeaux de ses fondateurs fussent autant que possible rendus à leur destination première ».
Comme la chapelle du château, l’église d’Eu fut dotée de vitraux exécutés par la manufacture de Sèvres. Son directeur Alexandre Brongniart y avait ouvert en 1828 un atelier de peinture sur verre qui dut son essor et sa prospérité aux nombreuses commandes passées par Louis-Philippe pour les chapelles de ses résidences royales.