Une coupe du XVIeme siècle
Elisabeth Réveillon
Elisabeth Réveillon, "Une coupe du XVIeme siècle", dans Revue de l’Art, 1991, n° 1, p. 93-94.
Extrait de l’article
Les objets témoins de la vie quotidienne du XVIe siècle sont extrêmement rares voire exceptionnels La petite coupe sur pied du musée des Beaux-Arts de Dijon apparaît comme une œuvre singulière par sa fonction son poinçon et son décor. De récentes recherches sur orfèvrerie bourguignonne ont permis d’en déterminer l’attribution.
La pièce en argent est en partie dorée au mercure sur les perles du pied, les bagues et la guirlande de la tige ainsi qu’à l’intérieur de la coupe. Les reliefs du nœud et les motifs géométriques ciselés au trait sur la coupe, également rehaussés de dorure, lui donnent une touche très raffinée. Les quatre têtes de boucs fondues ornant le nœud appartiennent au répertoire décoratif profane du XVIe siècle. Un ornement semblable figure dans le cadre du miroir de la Dame à sa toilette conservée dans le même musée.
Compte tenu de la taille réduite de l’objet, sa fonction reste assez énigmatique. L’inventaire manuscrit de 1830 du musée de Dijon évoque l’hypothèse d’un coquetier, proposition reprise dans les catalogues imprimés postérieurs. Si les dimensions et la forme pourraient effectivement faire penser à un coquetier, aucune pièce analogue n’est connue et l’usage de l’objet sous cet aspect à cette époque n’est pas véritablement attesté. Les moulurations excluent l’usage de coupe à boire. Celui de salière aurait pu être proposé, mais, là encore, les pièces contemporaines se présentent tout autrement, avec un saleron de petite contenance assez peu concave et monté généralement sur un pied beaucoup plus massif. S’agit-il plutôt d’une des nombreuses formes de ce qu’il est convenu de désigner par drageoir ?
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En rapprochant le poinçon de notre drageoir avec un autre poinçon de cette plaque, il a été possible d’identifier le maître orfèvre : le dijonnais Bénigne Devaulx. La marque comporte, comme le prescrivaient déjà les ordonnances sur le métier de 1443, les armes de la ville surmontées du D de Dijon et à la pointe de l’écu, l’initiale du prénom de l’orfèvre. (...)
Devaulx semble avoir joui d’une grande notoriété, car il est choisi plusieurs fois pour ouvrer les présents faits par la ville lors des entrées royales ou princières.