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Les appartements du premier étage de l’aile du Midi à Versailles de 1722 à 1744

Jean-Jacques Gautier

Gautier, Jean-Jacques. Les appartements du premier étage de l’aile du Midi à Versailles de 1722 à 1744, Versalia. Revue de la Société des Amis de Versailles, n° 17, 2014, p. 79-106.

Extrait de l’article

Quelle fut la perception du château de Versailles durant le temps où la Régence se tenait à Paris aux Tuileries. Le retour de la Cour de France à Versailles en juin 1722 n’allait pas de soi. L’antagonisme qui existait entre Paris et le château de Louis XIV n’était pas seulement dû à l’esprit frondeur de la capitale. Versailles était aussi, pour la Cour, un lieu de grâces contraignantes où les courtisans en défaveur, sommés de rester, étaient victimes d’ostracisme. Les propositions du duc de Noailles au duc de Saint-Simon à la veille de la Régence ne sont pas que facéties passagères, elles traduisent un sentiment répandu à la Cour. Noailles « convint de l’ingratitude de la situation de Versailles, déclama contre l’immense établissement que le Roi y avait fait, vanta celle de Saint-Germain, et finalement me proposa comme une chose facile de démolir Versailles, d’en emporter tout à Saint-Germain, où, avec ces matériaux et ces richesses, on ferait le plus sain et le plus admirable séjour de l’Europe » . Si Saint-Simon s’y oppose, il n’a pas meilleure opinion de Versailles. Lors de la même dispute avec Noailles, il affirme que c’est un « lieu sans rivière ni eau bonne à boire, qui n’est que sable ou boue, à qui la nature refuse tout, jusqu’à des abreuvoirs commodes pour des chevaux, et où il ne croît rien loin à la ronde » . Le retour fut-il une réaction de la part d’une noblesse qui s’était trouvée malmenée par les troubles de la Régence, au milieu de l’agiotage du système de Law et de la promiscuité du peuple de Paris ? Était-il devenu nécessaire de se remettre dans les pas de Louis XIV afin de s’inscrire dans une continuité politique ? Si l’on y prête attention, les termes de Saint-Simon qui suivent trahissent une fatalité et un désir de perpétuer le règne précédent.

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