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Un lieu pour se promener qu’en France on appelle galerie

Monique Chatenet

Chatenet, Monique, "Un lieu pour se promener qu’en France on appelle galerie", dans Bulletin Monumental, tome 166, n° 1, année 2008, p. 5-13.

Extrait de l’article

Contrairement à une idée reçue que persistent à répéter de nombreux historiens des Temps modernes, la pièce nommée galerie n’est nullement originaire d’Italie. Le mot « galleria » est au contraire un gallicisme introduit dans la langue de Dante par des artistes venus chercher fortune à la cour de François Ier, tels Serlio cité ci-dessus ou Cellini qui écrit à propos de la galerie de Fontainebleau : « C’était, comme nous dirions en Toscane une loggia, ou plutôt un androne ; le terme androne convient mieux, car nous appelons loggias les pièces qui sont ouvertes d’un côté ».
À la même époque, les diplomates transalpins sont contraints, eux aussi, d’expliquer à leurs compatriotes un terme inconnu dans la péninsule. Diane de Poitiers ayant fait savoir qu’une statue de marbre serait d’un agréable effet dans sa galerie d’Anet, l’ambassadeur de Ferrare Giulio Alvarotti se rend sur place pour voir de près ce dont il s’agit. Mal informé sans doute, il confond d’abord cette galerie avec le cryptoportique du jardin dont les dimensions l’affolent un peu : il faudrait que la statue soit au moins grandeur nature pour meubler dignement un espace « susceptible d’en abriter plus de cinquante » écrit-il à son maître le 21 mars 1553. Mais le 1er avril suivant, il rassure le duc de Ferrare. La duchesse de Valentinois, avec laquelle il s’est entretenu, n’a pas besoin que la statue soit grande car, précise-t-il, la galerie en question « est comme une salle, avec des fenêtres de tous côtés, mais plus étroite qu’une salle. Ce sont des lieux qu’ils font spécialement pour se promener ».

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