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Les jardins de Versailles au XVIIIe siècle, théâtre de privilèges et lieu de divertissement

Gabrielle Boreau de Roincé

Boreau de Roincé, Gabrielle. Les jardins de Versailles au XVIIIe siècle, théâtre de privilèges et lieu de divertissement. Bibliothèque de l’école des chartes. 2012, tome 170, livraison 1. Versailles. De la résidence au musée Espaces, usages, institutions XVIIe-XXe siècle Études et documents réunis par Fabien Oppermann, sous la direction de Fabien Oppermann, p. 155-182.

Extrait de l’article

«Parler du jardin et de ses demeures ne peut qu’inviter à la pluridisciplinarité : lieux littéraires, lieux politiques et sociaux, lieux artistiques », ils sont un champ de l’histoire de l’art très particulier, dont l’éphémère est constitutif et dont l’histoire dépend avant tout des intempéries. Mais ce sont aussi la fréquentation et l’occupation des jardins qui expliquent leur histoire, leur éclat, et souvent leurs transformations. D’où le choix d’envisager ici les jardins de Versailles, au XVIIIe siècle, comme terrain propre à la noblesse de cour. Si les jardins sont réputés, sous Louis XIV, pour être accessibles à tous, on observe au siècle suivant une permanente contradiction dans la volonté d’ouvrir le jardin au peuple tout en réservant des espaces à la noblesse, d’autoriser les promenades de tous tout en maintenant les privilèges de certains. Jean-François Solnon affirme que, si Louis XIV rouvre l’ensemble des grilles au début des années 1700, c’est sans doute parce qu’il passe davantage de temps dans les autres jardins qu’il affectionne : «Ses séjours de plus en plus fréquents à Marly et à Trianon, dont les jardins étaient réservés aux invités, expliquent ces libéralités consenties à Versailles à la foule des curieux ».

L’entrée dans les jardins, à partir de 1725, est soumise à des horaires réduits, entre huit heures du matin et dix heures du soir pendant la belle saison : les grilles extérieures sont alors fermées et les gardes suisses opèrent des rondes de nuit pour attraper les rôdeurs. D’autres moyens sont utilisés pour limiter l’accès au jardin : la fermeture des bosquets par des grilles dont les clés ne sont conservées — officiellement — que par les gardes-bosquets, mais aussi l’installation temporaire de tourniquets 4, empêchant l’entrée dans les allées d’animaux ou de petits véhicules (charrettes ou brouettes). Enfin, à la toute fin du XVIIIe siècle, la Maison de la reine institue des jetons, portant à l’avers une corbeille de fleurs et au revers une inscription telle que : «Jardins de Versailles, entrée pour quatre, Maison de la reine, 1785 » . La pratique du jeton facilitait ainsi la surveillance pour les gardes suisses, à qui on ne montrait plus l’autorisation signée du directeur des bâtiments, mais le simple jeton distribué par la Maison du roi ou de la reine.

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