Resveillier ceulx qui dorment en pechié : Philippe de Mézières et la tradition des miroirs du prince
Gisela Naegle
Naegle, Gisela, « Resveillier ceulx qui dorment en pechié : Philippe de Mézières et la tradition des miroirs du prince », Le Moyen Age, 3/2010 (Tome CXVI), p. 625-643.
Extrait de l’article
Le Songe du Vieil Pelerin de Philippe de Mézières est une œuvre, qui, à bien des égards, échappe aux classifications habituelles de l’histoire littéraire. S’agit-il réellement d’un miroir du prince ? Jusqu’à ce jour, les réponses apportées à cette question furent différentes : pour J. Blanchard et J.C. Mühlethaler, le Songe est « un autre cas exceptionnel dans l’histoire des miroirs. J. Krynen plaide pour une « bonne place » du troisième livre du Songe dans l’histoire des miroirs du prince. La réponse dépend aussi de la définition du genre. Les recherches récentes ont constaté que, au cours de son évolution, à travers les siècles, le genre des miroirs du prince fut sujet à des mutations profondes du point de vue de sa forme et de son contenu. Nourri des expériences réelles d’un grand voyageur, le voyage imaginaire du Songe est un véritable tour du monde. En même temps, ce texte contient des éléments fantaisistes ou utopiques qui font penser aux voyages dans l’au-delà ou aux récits de voyages comme celui de Jean de Mandevill. Le Songe de Mézières est caractérisé par un grand nombre d’allégories, personnifications… qui furent parfois jugées excessives, représentant « une limite de la création allégorique » ou une « forme vide, cadre commode pour un exposé de plus en plus littéral ». Néanmoins, les liens avec la politique française de l’époque sont forts. Écrit entre 1386 et 1389, dans ses parties relatives à la France et au roi français, le Songe comporte de nombreuses ressemblances avec le programme de réformation des Marmousets. Après une courte présentation du Songe, cette étude traitera les questions suivantes. Quel est le rôle du motif du songe ? Et quelle est la place de cette œuvre par rapport à d’autres textes comparables ? S’agit-il d’un texte absolument exceptionnel ou peut-on établir des parallèles avec d’autres œuvres politiques de réforme ?
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