Agrippa d’Aubigné, Marguerite de Valois et le Divorce satyrique
Éliane Viennot
Viennot, Éliane, Agrippa d’Aubigné, Marguerite de Valois et le Divorce satyrique, Albineana, Cahiers d’Aubigné, 7, 1996, p. 87-111.
Extrait de l’article
On peut considérer à juste titre que le pamphlet intitulé le Divorce satyrique est à la base de la "légende noire" d’une des plus grandes princesses de la Renaissance: Marguerite de Valois. On peut aussi considérer - c’est ce qu’ont fait nombre d’historiens et de critiques littéraires depuis deux cents ans - que derrière ce libelle anonyme d’une redoutable efficacité se cache un homme qui détestait cordialement la reine: Agrippa d’Aubigné. Or cette hypothèse, largement acceptée jusque dans les années cinquante du XXème siècle, est aujourd’hui non pas ouvertement contestée par les "ami-e-s d’ Agrippa", mais pudiquement passée sous silence.
Spécialiste de Marguerite de Valois, et non de l’auteur des Tragiques, je voudrais tenter dans cet article de faire le point sur ce sujet, d’autant que le renouvellement des études sur la dernière reine de Navarre ne peut que le relancer avec vigueur, et que chacun et chacune prend ici position en fonction d’études ou de commentaires qui auront bientôt tous plus de cinquante ans. L’étude croisée des écrits de Marguerite et d’ Agrippa, et notamment des passages où s’évoque, se travestit, voire s’occulte leur relation, ne permet certes pas d’apporter sur cette énigme une réponse définitive, mais elle apporte néanmoins des lumières nécessaires à son élucidation. Mon souci, ce faisant, n’est que de relancer des recherches qui ne manquent d’intérêt ni pour la connaissance des deux écrivains ni pour l’histoire de la littérature politique de la Renaissance.