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« Amor de lonh » — Thème et variation dans un groupe de quatre nouvelles de l’Heptaméron

André Tournon

André Tournon, "« Amor de lonh » — Thème et variation dans un groupe de quatre nouvelles de l’Heptaméron", dans Bulletin de l’Association d’études sur l’humanisme, la réforme et la renaissance, année 1977, volume 5, numéro 5, p. 2-4.

Extrait de l’article

« Trop de clarté éblouit » ; je me propose donc d’épaissir les ombres qui peuvent subsister dans l’Heptaméron après la remarquable analyse de la pensée religieuse de Marguerite de Navarre présentée dans le dernier bulletin par Mme C. Martineau. Mais d’abord, pour justifier le procédé adopté, quelques remarques sur la structure de l’oeuvre.

On le sait : si étroits que soient leurs liens avec les nouvelles, les débats ne se réduisent pas à leur fonction de commentaires. De l’un à l’autre se poursuit un grand débat permanent, où sans cesse reviennent les mêmes questions. Et, en deçà, discrètement indiqué de loin en loin, se dessine le jeu de relations personnelles qui articule le groupe des devisants, et fait de ceux-ci, comme l’a noté G. Pérouse, les personnages d’un roman virtuel. Il s’ensuit, d’une part, que les idées présentées dans ces débats ne sont pas absolument accréditées, comme le serait le commentaire impersonnel d’une « leçon » ; non seulement parce qu’elles sont diverses (difficulté que l’on pourrait esquiver en privilégiant , sur critères historiques et textuels, les propos de Parlamente), mais aussi parce qu’elles sont relatives à la situation, aux projets et aux craintes des personnages qui les soutiennent. Seuls les propos d’Oisille, extérieure au réseau de relations, ne sont pas ainsi compromis ; mais justement ce sont paroles d’évangile, hors débat. D’autre part, si la série des commentaires s’intègre dans une discussion prolongée d’une journée à l’autre, la série des nouvelles peut également être considérée comme un ensemble articulé, sans préjudice des liens établis entre chacune d’entre elles et le débat conrigii. Nous sommes en présence de deux suites discontinues, associées terme à terme. Et, de même que les propos des devisants se font écho d’un bout à l’autre du livre, de même les nouvelles se combinent entre elles, comme autant de variations obtenues à partir d’un nombre limité de situations-types.

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