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Aulae Arcana. Rhétorique et politique à la Cour de France sous Henri III et Henri IV

Marc Fumaroli

Fumaroli, Marc, "Aulae Arcana. Rhétorique et politique à la Cour de France sous Henri III et Henri IV", dans Journal des savants, 1981, n° 2, p. 137-189.

Extrait de l’article

Dans son ouvrage classique sur La Doctrine de Malherbe, Ferdinand Brunot écrivait en 1891 : « C’est une question qui n’a jamais été élucidée et qui ne le sera peut-être jamais, faute de documents suffisants, mais il paraît certain que dès les premières années du XVIIe siècle et les dernières années du XVIe, avant que Malherbe eût paru à la Cour, de nouvelles tendances littéraires s’étaient manifestées qu’il est peut-être difficile de déterminer, qu’il est possible en tout cas de saisir. »
Pour de nombreuses raisons qui tiennent autant à l’état des connaissances à la fin du XIXe siècle qu’aux principes et aux méthodes de l’histoire littéraire qui créait alors en France sa tradition, la question posée par Ferdinand Brunot ne pouvait trouver d’autre réponse que conjecturale. C’était néanmoins une bonne question. Aujourd’hui une longue série de travaux, souvent publiés à l’étranger, sont venus éclairer la complexité des débats religieux, philosophiques et politiques qui se sont noués et dénoués dans la dernière phase des « guerres de religion » françaises. Par ailleurs les préjugés initiaux de l’histoire littéraire française se sont peu à peu affaiblis : on tient compte aujourd’hui, pour l’étude des phénomènes français, des débats internationaux qui se déroulaient alors en latin à l’échelle de la République des Lettres européenne ; une thèse comme celle que Louis Clément consacrait en 1898 à la seule « œuvre française » d’Henri Estienne, privant celui-ci du versant néo-latin de son activité de polémiste érudit, ne serait plus concevable. De même, on en est venu à admettre que la rhétorique (contre laquelle s’était constituée l’histoire littéraire naissante) a pu jouer dans la culture de la Renaissance, en France comme dans le reste de l’Europe, une fonction centrale et médiatrice : le lien est devenu perceptible entre les résultats acquis par l’histoire des idées et une appréciation nouvelle des phénomènes de langue et de style. C’est par le biais de la réflexion et du débat rhétoriques que les humanistes transformaient leur pensée religieuse, philosophique et politique en programmes linguistiques et stylistiques à l’intérieur desquels œuvraient poètes et écrivains.

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