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Clément Marot : nouveaux horizons de la poésie et du poète à la Renaissance

Daniel Martin

Daniel Martin, "Clément Marot : nouveaux horizons de la poésie et du poète à la Renaissance, dans Bulletin de l’Association d’études sur l’humanisme", la réforme et la renaissance, année 2004, volume 59, numéro 59, p. 23-37.

Extrait de l’article

Certains traits caractéristiques de la poésie de Marot résultent de la tension entre sa situation de poète pensionné, soumis aux contraintes inhérentes à son statut, et sa volonté de faire entendre la voix d’une conscience gagnée aux idéaux erasmiens ou évangéliques et convaincue du pouvoir de la poésie. Marot aspire à sortir du cadre restreint du rapport au maître dont il dépend économiquement pour s’inscrire dans un rapport plus large avec le public, et cela même s’il a besoin des largesses de son roi. L’imprimerie naissante pourrait être le moyen de cette émancipation de la parole poétique ; l’imprimeur libraire peut cependant se révéler aussi un partenaire encombrant, voire dangereux, parce que guidé par une logique plus commerciale que respectueuse du texte. Ainsi, Marot a dû ruser pour trouver à faire entendre sa voix, pour ouvrir à la poésie et au poète des horizons jusqu’alors peu explorés. Cela l’a conduit bien souvent à œuvrer dans les marges, à redéfinir l’objet de la poésie négativement à partir des pratiques par lesquelles il ne pouvait éviter d’en passer, à faire mine de couler sa parole dans des cadres préétablis pour précisément faire comprendre à son lecteur que la poésie, ce n’est plus cela.

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