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De la famille marchande à la cour princière : I Libri della Famiglia de Leon Battista Alberti
Maria Teresa Ricci
Maria Teresa Ricci, « De la famille marchande à la cour princière : I Libri della Famiglia de Leon Battista Alberti », Renaissance and Reformation / Renaissance et Réforme, Vol. 37 No. 2 (2001) : New Series Vol 25, No 2.
Extrait de l’article
Philosophe, architecte, peintre, mathématicien, Leon Battista Alberti(1404–72) est aussi connu comme théoricien de la « famille ». D’origine noble, mais jamais reconnu totalement par sa gens, Alberti peut être considéré comme le représentant typique de l’optimisme et de la medietas bourgeoise, de cette bourgeoisie marchande et manufacturière qui dans la Florence du XVe siècle, « dans cette cité d’affaires importantes » où Albertia vécu pendant quelque temps, connaît un remarquable développement. Elle constitue, avec la noblesse, le groupe hégémonique du patriciat urbain.
L’œuvre célèbre de Leon Battista Alberti, les Libri sulla famiglia,traité qui entre dans la tradition de l’« économique », témoigne ainsi de l’esprit de la bourgeoisie, économiquement active, tout entière occupée par la famille, l’éducation, la culture, mais, comme nous allons le montrer, il annonce, en même temps, l’émergence du monde des cours et des princes .Avec Alberto Tenenti, on pourrait dire que son œuvre élabore « tout un langage et un ensemble de perspectives qui ménagent une transition de la famille marchande au niveau et aux comportements aristocratiques ». Elle montre le passage d’un monde fermé et qui se suffit à lui-même, la famille décrite dans les deux premiers livres, et aussi dans le troisième, l’economicus, à une ouverture vers l’extérieur, fondée sur une stratégie du succès, surtout individuel. Au lieu de l’optimisme, de la rationalité et de la medietas du marchand bourgeois, qui oppose le « vivre bienheureux » (bene e beatovivere), le « profit » (utile) de la « famille » à tout engagement public et politique, nous trouvons dans le dernier livre, De amicitia, écrit un peu plus tard, les idéaux d’un monde antagoniste, le monde de la cour, qu’Alberti connaissait très bien. La bourgeoisie prend donc acte de la constitution d’un monde courtisan, le « père de famille » reconnaît un pouvoir plus grand, celui du prince.
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