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Du rêve idyllique au leurre courtois. Mirages littéraires dans ’Le Dit de la Pastoure’ de Christine de Pizan

Jean-Claude Mühlethaler

Mühlethaler, Jean-Claude, « Du rêve idyllique au leurre courtois. Mirages littéraires dans ’Le Dit de la Pastoure’ de Christine de Pizan », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 20, 2010, 43-58.

Résumé de l’article

Récit des amours entre une bergère et un puissant seigneur, Le Dit de la Pastoure (1403), écrit probablement pour Charles Ier d’Albret, est marqué du sceau de la désillusion. Bien plus qu’une transposition dans le monde pastoral de son expérience de veuve, Christine de Pizan y propose une réflexion sur la fonction de la littérature et le statut de l’écrivain à la cour, prenant à contre-pied la vision qu’en avait Guillaume de Machaut. Elle dénonce l’inadéquation d’un rêve mariant bucolique et courtoisie aussi bien avec la réalité sociale de son époque qu’avec ses aspirations personnelles. Au fil des chants de la bergère, Le Dit de la Pastoure interroge la tradition lyrique. Il soumet également la tradition narrative à un regard critique : par sa courbe dysphorique, le récit refuse de faire sien le caractère ludique de la pastourelle, qu’il semble suivre au début. Il parodie aussi l’idéal bucolique et se démarque du roman idyllique dont les amours de Pâris et Sénonné offrent une variante pessimiste qui oriente la lecture du récit tout entier. Dans le meilleur des cas, la fiction (pastorale, mythologique, amoureuse) offre un éphémère moment d’évasion, dans le pire elle est un leurre dangereux. Le Dit de la Pastoure débouche sur un constat d’échec : il s’avère impossible d’actualiser des modèles d’écriture dépassés, d’ancrer l’idylle dans le vécu.

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