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Être moderne, être à l’avant-garde : le champ de bataille des belles lettres au XVIIe siècle

Claudine Nédélec

Claudine Nédélec « Être moderne, être à l’avant-garde : le champ de bataille des belles lettres au XVIIe siècle », Dix-septième siècle, 3, 2005 (n° 228), p. 453-464.

Extrait de l’article

On lie aujourd’hui volontiers avant-garde et modernité. Ainsi, selon l’introducteur anonyme de l’ouvrage Littérature moderne, I. Avant-garde et modernité, Baudelaire, tout en se méfiant de l’avant-garde, « fonde la modernité ». Pourtant, un autre poète, un certain Théophile de Viau, écrivait vers 1620 que ses « nouveaux escrits » « ne suiv[aient] point la trace accoustumée », et qu’ « Il faudrait inventer quelque nouveau langage, / Prendre un esprit nouveau [...] », bref : « Écrire à la moderne ». Et, qu’on veuille le reconnaître ou non, Théophile de Viau fut entendu, puisqu’on n’a peut-être jamais tant parlé de « modernité »... qu’au XVIIe siècle. Ainsi que le dit Jérôme Game, la modernité n’est pas datable à une origine ou un fondement l’inaugurant benoîtement, telle une ligne de métro ou de chemin de fer.

Inventer en reprenant, en abandonnant : c’est ainsi ce sur-place perpétuellement chaloupé, ce mouvement immobile qui définit la modernité comme acte plutôt que comme période ou catalogue (d’œuvres ou d’auteurs).

Mais, au XVIIe siècle, cet acte est-il réformiste, ou révolutionnaire ? Armé, guerrier, militaire, ou pacifiste ? Les « modernes » du XVIIe siècle (ou leurs adversaires) ont-ils théorisé leur action comme celle d’une avant-garde, groupe d’action minoritaire s’affrontant de manière polémique à la culture établie pour préparer des temps nouveaux ?

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