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Guillaume Budé et Marguerite de Navarre à la recherche d’un lecteur royal : François Ier et l’allégorie “iconophile”

Mawy Bouchard

Bouchard, Mawy. Guillaume Budé et Marguerite de Navarre à la recherche d’un lecteur royal : François Ier et l’allégorie “iconophile”, Réforme, Humanisme, Renaissance, n° 79, 2014, p. 131-151.

Extrait de l’article

Philologia ou dans son De studio literarum de 1532 ou encore dans son massif De transitu hellenismi ad christianismum de 1535, Guillaume Budé a porté toute son attention sur la question d’une « poétique » , au sens peut-être moins attendu mais plus entier du terme, c’est-à-dire dans le sens d’une manière et d’une pensée indissociablement liées, qui serait propre à l’esprit non pas d’une « littérature » , au sens moderne du terme qui accentue la dimension plaisante et esthétique, mais plutôt d’une « théologie » , une poétique qui ne perd jamais de vue la dimension édifiante de l’écriture. Ses efforts visant à fonder les principes les plus rigoureux pour l’enseignement des lettres ont bien servi l’institution littéraire au fil des siècles, mais ils permettent aussi de décrire a posteriori les fondements d’une écriture pluridimensionnelle dont les caractéristiques formelles peuvent a priori paraître difficiles à cerner. Si Guillaume Budé peut sembler éclairer davantage qu’un autre auteur de cette première moitié du XVIe siècle la question de la poétique, c’est que son entreprise, telle qu’elle se manifeste dans son adresse récurrente au roi François Ier, vise à atteindre un vaste et nouveau public. À travers ses écrits, Guillaume Budé propose explicitement des moyens d’assurer le sauvetage d’une culture chrétienne qu’il voit menacée par l’entreprise réformatrice autant que par l’ignorance systémique des lettres, et traduit l’urgence d’agir en faveur des lettres anciennes. Guillaume Budé, plus qu’un poéticien ancien ou moderne, par ses connaissances encyclopédiques et par la clarté de sa posture en regard de la modernité de la culture chrétienne du XVIe siècle, peut en effet nous permettre d’éclairer les fondements poétiques d’œuvres complexes et peu conformes aux modèles grecs et latins qui donnent son envol, parallèlement, à une autre tradition littéraire, celle mieux connue, par exemple, du modèle boccacien.

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