Intellectuelles, femmes d’esprit et femmes savantes au XVIIe siècle
Danielle Haase-Dubosc
Danielle HAASE-DUBOSC, « Intellectuelles, femmes d’esprit et femmes savantes au XVIIe siècle », Clio, numéro 13-2001, Intellectuelles.
Extrait de l’article
Intellectuelles ou « femmes d’esprit », ou encore « femmes savantes » ? Le problème de la définition se pose pour le XVIIe siècle. Il faut d’abord replacer ces femmes qui pensent dans le contexte féminocentrique de la première partie du siècle afin d’étudier le phénomène du salon et le rôle qui leur est dévolu, celui de « civiliser les mœurs ». L’émergence de femmes sachant « manier les symboles et les signes », qu’elles soient romancières, moralistes ou érudites, s’accompagne d’une injonction sociale : pour être libre de penser, il ne faut jamais faire étalage de son savoir. C’est la première leçon que promulgue Madeleine de Scudéry : elle propose par ailleurs un véritable projet de société mixte, projet récusé par la pensée conservatrice d’un Boileau, elle-même reprise dans les manuels de littérature. Il y a bien une pensée de femme à découvrir malgré la malveillance posthume, dans sa dimension intellectuelle aussi bien que littéraire.