L’influence des poètes de cour sur la formation du jeune Louis XIV
Charles I. Silin
Charles I. Silin, "L’influence des poètes de cour sur la formation du jeune Louis XIV", dans Cahiers de l’AIEF, année 1957, volume 9, numéro 1, p. 77 - 90.
Extrait de l’article
Dans un article intitulé « The Peccant Humors of the Graduate School », le professeur américain Howard Mumford Jones a distingué de la manière la plus brûlante entre la recherche érudite et l’antiquarianisme (s’il m’est permis de franciser un mot anglais). Ses observations mordantes viennent à l’esprit lorsqu’on annonce une communication sur n’importe quel aspect de la vie privée d’un personnage du passé. Ce n’est donc pas sans réserve que j’entreprends ici la lecture d’une étude sur la vie amoureuse de Louis XIV.
J’espère, toutefois, que vous serez d’accord que toute recherche dans la vie privée de Louis XIV ne saurait mériter l’épithète condamnatoire d’antiquarianisme. J’affirme que le Roi-Soleil n’avait pas de vie «privée », et que sa formule « l’Etat, c’est moi » aurait pu tout aussi bien être exprimée « moi, je suis l’Etat ». Au sens le plus total et le plus absolu, Louis XIV, même dans ses relations les plus intimes et dans ses actes les plus privés en tant qu’individu, était une institution publique. A un tel degré — si l’on veut bien me permettre quelque violence à la sensibilité du XXe siècle — que les excréments royaux étaient dûment pesés et leur poids confié aux archives de l’Etat.