L’œil du poète : vision et perspective dans la poésie française de la Renaissance
Elaine Limbrick
Limbrick, Elaine, "L’œil du poète : vision et perspective dans la poésie française de la Renaissance", Études littéraires, vol. 20, n° 2, 1987, p. 13-26
Extrait de l’article
L’alliance étroite entre la poésie et l’art au seizième siècle a fait naître de nombreuses études portant sur l’esthétique de la Renaissance. Cependant, aucune étude à notre connaissance n’a exploré les notions de vision et de perspective artistiques et leur fonctionnement dans le texte poétique. On cite souvent la phrase de Biaise de Vigenère qui, s’inspirant de La lecture des poètes de Plutarque, établit une correspondance directe entre la poésie et l’art : « La Poésie est une imitation, et une science correspondante à l’art de la peinture : Tellement que la Poésie est une peinture parlante, et la peinture une Poésie muette. » Pourtant, l’idée initiale émise par Biaise de Vigenère dans son « Epistre, » que « le corps propre du tableau, c’est-à-dire le texte, » établit une équivalence entre tableau et texte poétique, peintre et poète travaillant à enrichir et à élaborer leurs œuvres, grâce aux procédés techniques et linguistiques de l’ornementation. Cette équivalence ou correspondance nous semble de première importance dans l’étude des rapports entre la poésie et la peinture dans l’œuvre poétique du seizième siècle en France. Plus loin, dans sa préface, Vigenère emploie les paroles de Philostrate pour indiquer que les peintres et les poètes poursuivent le même but : « de nous présenter et descrire les portraicts, et les gestes des hommes valeureux... »
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