La localité du centre. Paris-Rome-Versailles-Villiers-le-Bel : les lieux de deux curés de la région parisienne au XVIIe siècle
Dinah Ribard, Nicolas Schapira
Dinah Ribard et Nicolas Schapira, "La localité du centre. Paris-Rome-Versailles-Villiers-le-Bel : les lieux de deux curés de la région parisienne au XVIIe siècle", Les Dossiers du Grihl [En ligne], 2008-01
Résumé de l’article
Les lieux du pouvoir comme lieux sociaux sont pour l’historien nécessairement des lieux écrits – même le château de Versailles a bien changé depuis le xviie siècle et ce qui reste de la vie de cour gît dans des écrits tels que ceux que nous examinons dans cet article, ou encore dans ceux de Saint-Simon. Ces lieux ont été écrits : ce fait têtu doit diriger notre regard vers leurs producteurs, vers les enjeux et les modalités de leur production. Cela vaut pour les lieux du pouvoir, mais aussi pour toutes les appartenances qui apparaissent si vite et si naturellement comme des cadres du comportement des acteurs et des explications de leur choix d’écriture : paroisses, ordres religieux, Église, institutions politiques. Faire apparaître l’action entre les lieux d’ancrage de l’écriture et l’écriture elle-même, c’est tout le sens du chemin fait ici avec le chanoine de Saint-Victor, curé de Villiers-le-Bel et, en 1655, conclaviste du cardinal Grimaldi Gourreau de la Proustière, et avec François Hébert, le curé de Versailles au temps de Fénelon. Dans leurs Mémoires, l’un et l’autre produisent les lieux vivants qu’ils traversent comme des lieux sociaux dans lesquels inscrire leur action, dans une tension permanente entre ceux qui sont posés comme centraux (Paris, Versailles, Rome) et ceux, à l’écart, où ils situent leur écriture. Mais ce faisant, ils participent à la constitution continue du pouvoir central, dont on saisit concrètement la fabrication par toutes sortes d’acteur, y compris certains de ceux qui ne sont pas en position de participer naturellement à ce pouvoir.