La préparation et la publication d’un livre illustré au XVIe siècle, 1573-1588
Henri Bouchot
Henri Bouchot, "La préparation et la publication d’un livre illustré au XVIe siècle, 1573-1588", dans Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, année 1892, volume 53, numéro 1, p. 612 - 623.
Extrait de l’article
On sait combien sont rares aujourd’hui les renseignements écrits concernant la mise en train des ouvrages imprimés du XVe au XVIIe siècle ; ce n’est que par induction, par mille rapprochements, que nous arrivons à nous en faire une idée. A peine Geoffroy Tory, dans son livre célèbre du Champfleury, nous touche-t-il quelques mots de la préparation, de la taille des gravures, de la reliure ; il met dans sa description idéale et allégorique un peu de cette réserve singulière que ses confrères avaient généralement adoptée sur la matière.
André Thevet, dans la notice consacrée à Gutenberg en son ouvrage des Hommes illustres, a voulu préciser un peu la besogne matérielle du livre ; il décrit minutieusement la composition et l’impression ; il nomme les instruments nécessaires aux typographes et nous en écrit la nomenclature. Mais que savons-nous de plus ? Dans le cas très spécial d’une illustration jointe au texte, pourrions-nous dire que les bois taillés par un graveur d’images avaient été dessinés par ce graveur lui-même d’après un original fourni, ou mieux par l’artiste créateur ? En dépit de bien des phrases écrites sur ce sujet par les historiens d’art, Hans Holbein, l’illustre auteur de la Danse des morts, Albert Durer, pour la Vie de la Vierge ou l’Apocalypse, ne pourraient être sûrement présumés avoir transporté de leur main, sur la planche de poirier destinée à la taille, un croquis définitif et ne varietur de leur idée première.