La sagesse humaine face à une « souveraine puissance » : la prudence et la fortune chez La Rochefoucauld
Richard Hodgson
Richard Hodgson, "La sagesse humaine face à une « souveraine puissance » : la prudence et la fortune chez La Rochefoucauld", dans XVIIe siècle, n° 211, 2001/2.
Extrait de l’article
Bien des lecteurs des Maximes et des Réflexions diverses de La Rochefoucauld continuent à y trouver les traces des nombreux courants de pensée qui ont joué un rôle primordial dans la genèse de sa pensée morale. Comme la plupart des moralistes classiques, La Rochefoucauld avait lu les œuvres des grands philosophes moraux de l’Antiquité. Comme eux, il s’est assidûment efforcé de « mettre sa réflexion en perspective avec celle de Sénèque » [3], ce que suggère, par exemple, le frontispice de la première édition des Maximes. Comme tous les gens cultivés de son époque, il connaissait à fond L’Homme de cour (Oráculo manual y arte de prudencia) de Gracián et les Essais de Montaigne. Sa carrière de courtisan et de soldat lui avait appris à goûter les plaisirs de la culture mondaine mais aussi à se méfier du caractère éminemment illusoire de ce que Pierre Charron appelle « le traffic de ce monde ».