Le jeu de l’anecdote et du conte dans les Mémoires du duc de Saint-Simon
Marc Hersant
Hersant, Marc, « Le jeu de l’anecdote et du conte dans les Mémoires du duc de Saint-Simon », Féeries, 6 | 2009, 47-62.
Extrait de l’article
Les Mémoires de Saint-Simon, où coexistent presque toutes les formes de récit de l’époque classique, font naturellement place au genre très en vogue du conte. Le mot « conte » peut à cette période désigner indifféremment le conte de fées ou l’anecdote plaisante, voire mensongère : la frontière reste floue entre la fiction et l’histoire parce que le « conte » est de toute façon le lieu d’un relâchement de la contrainte de vérité en faveur du pur plaisir ; et aussi parce que le merveilleux appartient encore à la sphère de croyance de l’auteur des Mémoires. Ainsi, certains personnages réels des Mémoires sont assimilés à des fées, des sorcières ou des ogres, le style du narrateur venant alors adhérer à son objet en se moulant sur celui des contes ou des fabliaux. C’est le cas aussi lorsqu’il raconte les « prodiges » de la vie de cour, les extravagances du roi ou bien telle scène de chasse au cœur d’une forêt « enchantée ».