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Le Roman de la Rose de Guillaume de Lorris, roman coffret, roman à coffrets 

Milena Mikhaïlova-Makarius

Milena Mikhaïlova-Makarius, « Le Roman de la Rose de Guillaume de Lorris, roman coffret, roman à coffrets », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 29, 2015, 147-169.

Extrait de l’article

A ceste, fist il, fermeré
Ton cueur, n’i qier autre apoial :
Souz ceste clef sont mi joial,
Qui est bien petite, par m’ ame,
Mes ele est de mon ecrin dame,
Et si a mout grant poeste

Pour s’assurer de la loyauté de l’amant, le dieu Amour accepte sa proposition de fermer son cœur avec une clé. Mais plutôt que d’en fabriquer une, comme l’amant le lui suggérait, il décide de se servir d’une clé qu’il a déjà utilisée pour fermer son propre écrin où sont gardés, dit-il, ses « joial ». Cette clé, c’est la dame de son écrin, affirme Amour. Par son transfert, le cœur de l’amant devient le double de cet écrin. Quels joyaux y seront déposés ?

Véritable obsession, le souhait de fermer, d’enclore ou d’entourer, pour emprisonner ou pour sauvegarder, se décline à tous les niveaux du récit, inachevé dit-on, d’une quête inaboutie. Les jeux d’enchâssements sont si nombreux que l’on peut se demander si l’écrin n’est pas l’emblème d’un poème hanté du début à la fin par l’idée de clôture. La même clé-dame n’ouvre-t-elle pas aussi cet autre contenant qu’est le roman, d’après les premiers vers de l’œuvre ? Vers quels joyaux du roman conduit-elle le lecteur ?

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