Le Valet de chambre et son roi, Marot impertinent
Daniel Martin
Martin, Daniel. Le Valet de chambre et son roi, Marot impertinent, Réforme, Humanisme, Renaissance, n° 79, 2014, p. 171-197.
Extrait de l’article
« Clement Marot de Cahors en Quercy, Valet de chambre du Roy… » : ainsi se formule, en titre de l’édition princeps de L’Adolescence clementine, l’identité du poète. Ce n’est pas la première fois que s’affiche dans un titre le lien étroit existant entre lui et François Ier : on trouvait des formulations similaires dès les anthologies non autorisées du poète cadurcien publiées en 1530 à Lyon puis en 1532 à Paris, attestant sans doute que le titre de valet de chambre du roi ne faisait qu’ajouter au prestige dont jouissait déjà Clément Marot et constituait un bon argument publicitaire pour les libraires commanditaires de ces éditions. La précision « valet de chambre du roi » figurera dans presque tous les titres des éditions ultérieures de ses œuvres que Marot aura pu contrôler. Ce faisant, Marot se pare de la proximité avec le roi que suppose sa fonction, et sans doute avec d’autant plus de satisfaction qu’il a œuvré avec obstination pour obtenir ce titre, n’hésitant pas à donner à ce combat une orchestration poétique : il publie dans ses œuvres des pièces rendant compte de ses efforts et de la patience dont il a dû faire preuve pour être couché sur les états de la Maison du Roi comme valet de chambre. Simple question de prestige ? Pas seulement : afficher sa proximité avec le pouvoir avait un intérêt stratégique pour un poète très tôt suspect aux yeux de la Sorbonne par ses prises de position, considéré sans doute aussi comme un encombrant dissident par les autorités judiciaires.