Les inventeurs des choses. Enquêtes sur les arts et naissance d’une science de l’homme dans les cabinets du XVIe siècle.
Patricia Falguières
Falguières, Patricia, « Les inventeurs des choses. Enquêtes sur les arts et naissance d’une science de l’homme dans les cabinets du XVIe siècle. », dans Histoire de l’art et anthropologie, Paris, coédition INHA / musée du quai Branly (« Les actes »), 2009.
Extrait du texte
Osons le dire : nous n’avons à peu près aucune idée de l’anthropologie de la Renaissance. Cela peut sembler paradoxal puisque, depuis les célébrations du cinquième centenaire de la découverte de l’Amérique, il ne se passe pas d’année sans qu’un lot d’ouvrages n’apparaisse sur le thème du « premier contact ». Mon postulat sera le suivant : tout ce que nous, modernes, croyons savoir de l’anthropologie des Européens de la Renaissance, nous l’attribuons aux récits de la Conquête ou aux débats théologiques et juridiques suscités par l’asservissement des Indiens d’Amérique. Le légendaire du premier contact avec le Nouveau Monde et du face à face de la religion chrétienne avec des dieux inédits a monopolisé l’attention des historiens et des anthropologues. Le voyage, la rencontre, nous les percevons (en quoi nous sommes « modernes » justement) comme le mode d’accès privilégié à la constitution d’une science de l’homme.