Les princes au miroir
Nicolas Crémona
Crémona, Nicolas, « Les princes au miroir », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 19 | 2010, 299-309.
Extrait de l’article
L’image du roi est rendue problématique dans les deux premières histoires tragiques de Boaistuau : en mettant en scène deux figures royales parallèles qui évoluent de manière contraire vers la générosité sublime et vers la cruauté, le conteur oppose deux conceptions de la politique. Mais le récit lui-même ne va pas procéder à une simple opposition entre bon prince et tyran, car le narrateur met plus en avant la dimension morale de ces récits, laissant la dimension politique en sous-main. Quelle est la signification de cette prédominance de la peinture des ravages de la passion ? Ne permettrait-elle pas d’éviter de s’interroger sur l’éventuelle dimension politique du crime et de la cruauté dans la deuxième nouvelle, et donc sur une hypothétique justification politique (machiavélienne) de l’acte injuste, immoral, que constitue la mise à mort d’une esclave innocente ?