Madame de Sévigné, écrivain sans le savoir ?
Marie-Odile Sweetser
Marie-Odile Sweetser, "Madame de Sévigné, écrivain sans le savoir ?", dans Cahiers de l’AIEF, année 1987, volume 39, numéro 39, p. 141-157.
Extrait de l’article
La lettre et l’écriture, de toute évidence, sont devenues pour l’épistolière, à la suite du départ de sa fille, l’expression d’un rapport intime, nécessaire à son équilibre mental. Au-delà de cette fonction essentielle, elles ont été peut-être aussi un moyen de révélation voire de création d’une autre mère, d’une autre fille, d’un rapport complexe entre le vous et le moi, projetés sur l’écran de la conscience par l’écriture.
Il convient de rappeler les réticences de Mme de Sévigné elle-même durant sa vie, refusant de se poser en auteur, pour des raisons de prudence, de discrétion, de bienséance. Elle exprime des doutes et des hésitations lorsque son cousin Bussy-Rabutin se propose d’offrir une édition de leur correspondance des années 1673-75 au roi.