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Narcisse et les licornes. Magie et amour-propre dans l’Astrée 

Tony Gheeraert

Tony Gheeraert, « Narcisse et les licornes. Magie et amour-propre dans l’Astrée », Études Épistémè, 41, 2022

Extrait de l’article

Au cœur du Forez, d’Urfé a installé la fontaine de la vérité d’amour, dotée de propriétés magiques : bien des voyageurs et des gens du pays aspirent à s’y contempler, dans l’espérance d’y voir à leurs côtés le reflet de la personne qu’ils aiment. Mais depuis qu’un second sort a été jeté sur la Fontaine, celle-ci est désormais inaccessible, laissant ses pèlerins dans l’incertitude d’être aimés. Nous proposerons dans cet article de repérer les différents indices qui suggèrent que les pouvoirs de cette Fontaine sont maléfiques, et qu’elle a été scellée pour éviter d’encourager un narcissisme mortifère chez les amoureux avides de s’y contempler. La fontaine magique, qui est aussi un tombeau, apparaît en fait comme un symbole d’amour-propre, dans une œuvre profondément marquée par la tradition salésienne et plus généralement chrétienne. On peut douter que d’Urfé eût terminé son roman par une restauration de ses pouvoirs, comme il advient dans la continuation de Baro : certains éléments du texte suggèrent au contraire que la Fontaine aurait été complètement désenvoûtée et rendue à sa nature première.

Voir en ligne : Narcisse et les licornes. Magie et amour-propre dans l’Astrée  (Open Edition Journals)