Notice sur les manuscrits originaux et autographes des œuvres de Brantôme conservés à la Bibliothèque nationale
H. Omont
H. Omont, "Notice sur les manuscrits originaux et autographes des œuvres de Brantôme conservés à la Bibliothèque nationale", dans Bibliothèque de l’Ecole des chartes, année 1904, volume 65, numéro 1, p. 5 - 54.
Extrait de l’article
Après avoir mené pendant trente-cinq ans la vie la plus active et la plus agitée, presque toujours en voyages, à la guerre ou à la cour, après avoir joui successivement de la faveur du roi Henri II et de celle de ses trois fils, François II, Charles IX et Henri III, Pierre de Bourdeille s’était retiré dans son château de Brantôme en Périgord. Il y passa les vingt-cinq dernières années de sa vie et, pour adoucir les regrets de « ces jeunes ans auprès desquels tous empires et royaumes ne sont rien », pour se consoler de l’inconstance de la « Fortune traistresse et aveugle », il s’adonna désormais tout entier à ses études, et a la rédaction de ses livres, « que j’ay faictz, dit-il, et composez de mon esprit et invention, et avecques grand’peine et travaux, escrits de ma main ».
Le 30 décembre 1609, craignant sa mort prochaine, alors qu’elle ne devait arriver que cinq ans plus tard, le 5 juillet 1614, il avait déposé entre les mains du notaire de Brantôme un testament solennel, dans lequel un long paragraphe était consacré aux manuscrits de ses œuvres et à leur publication par les soins de ses héritiers. Mais ceux-ci ne remplirent pas ses intentions, soit qu’ils n’eussent pas voulu peut-être raviver le souvenir des guerres civiles du siècle précédent, dont les héros de Brantôme avaient été les principaux acteurs, soit plutôt qu’ils eussent trouvé trop lourde l’obligation qui leur était imposée de faire luxueusement imprimer ces volumineux recueils.