Thélème, ’Il Cortegiano’ et la cour de François Ier
Isida Cremona
Cremona, Isida, « Thélème, ’Il Cortegiano’ et la cour de François Ier », Renaissance and Reformation / Renaissance et Réforme, Vol. 2, No 1
Extrait de l’article
Dans l’Introduction de son édition critique de L’Abbaye de Thélème, Raoul Morçay propose, comme inspiration première de ce " pluschamant tableau de la Renaissance qui nous soit reste," le livre d’or du XVIe siècle : Il Libro del Cortegiano du comte Baldesar Castiglione. Le rapprochement n’est pas nouveau : Heulard, cinquante ans plus tôt, avait identifié Thélème à un "état de la maison du roi," maison établie pour François Ier sur le modèle de la cour d’Urbin. On a également pensé que les ambitions politiques de Jean Du Bellay n’auraient pas été étrangères à l’édification de ce"hors-d’oeuvre" qui ne cesse d’intriguer la critique. A l’époque de Rabelais, Thélème prêtait déjà à ambiguïté. Mais, pour une société atteinte dans son unité spirituelle, l’intérêt de l’épisode réside, plutôt que dans les sources d’inspiration, dans les signes révélateurs d’engagement religieux : les uns verront ainsi dans Thélème une profession de foi "luthérienne," aboutissement logique de l’anti-monasticisme amorcé dans le Pantagruel, les autres un hymne naturaliste franchement anti-confessionnel. Au lendemain de l’affaire des Placards, la polémique se saisit du texte et polarise les attitudes. Celle du roi, dans les circonstances, est à retenir : François Ier assure l’auteur du Gargantua de toute sa protection.
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