Un précieux livre de famille : Les Poésies diverses de Jean Meschinot
Evelyne Berriot-Salvador
Evelyne Berriot-Salvadore, "Un précieux livre de famille : Les Poésies diverses de Jean Meschinot", dans Bulletin de l’Association d’études sur l’humanisme, la réforme et la renaissance, année 1989, volume 29, numéro 29, p. 11-16.
Extrait de l’article
Le manuscrit, déposé à la Bibliothèque de Tours sous la côte 905, présente, par la qualité de sa graphie et par son texte même, un intérêt qui, certes, n’a pas échappé aux amateurs de Jean Meschinot1. Aussi est-ce d’un autre point de vue que ce document retient notre attention aujourd’hui.
Le Ms 905 [135 ff., + 2 et 1 ff. de garde, vélin, orné d’une initiale d’or sur fond couleur] porte, en effet, sur ses pages de garde et sur la partie supérieure du premier folio, ainsi que dans les marges, des notes qui permettent de retracer l’histoire d’un livre précieux et de ses possesseurs pendant un siècle et demi.
(...)
Cette copie des œuvres de Jean Meschinot, qui comprend Les lunettes des Princes, les Nouvelles Additions et les Vingt-cinq ballades, date de la dernière décennie du XVe siècle : après 1491, puisque Les lunettes sont attribuées à «feu Jehan Meschinot» [fol.66v°], et avant 1493, puisqu’à cette date commence le livre de raison de la famille du Bois Fontaines, couvrant les gardes et les marges des folios 1 à 26. Jehan II du Bois, héritier de ce seigneur de Fontaines qui fut maître d’hôtel de Louis XI et secrétaire de la reine, acheta peut-être le précieux manuscrit ; il est le premier, en tout cas, à y enregistrer les événements fondateurs d’une généalogie familiale, se conformant ainsi à une coutume assez répandue d’ailleurs : il n’est pas rare de rencontrer ces manuscrits littéraires du XVe et du XVIe siècles qui servirent de mémorial à de riches familles, sûres que la valeur marchande ou affective du livre serait garant de sa conservation ; on peut songer, par exemple, au Ms Français 25 44 1 de la Bibliothèque Nationale, Le roman de Palamon et Arcita d’Anne de Graville, sur lequel ses descendants, les seigneurs d’Urfé, portèrent mariages et naissances...