Culture et mentalité : les librairies des gens du parlement au temps de Charles VI
Françoise Autrand
Autrand, Françoise, "Culture et mentalité : les librairies des gens du parlement au temps de Charles VI", dans Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 28e année, N. 5, 1973. p. 1219-1244.
Extrait de l’article
Au temps de Charles VI, les gens du Parlement constituaient déjà un milieu homogène. On ne saurait négliger l’importance des années de jeunesse dans la formation de ce milieu. Dès l’enfance, ces hommes avaient fréquenté les mêmes collèges. Puis c’étaient les études universitaires, allongées par la nécessité d’apprendre le droit canon à Paris et le droit civil à Orléans. Quand ils entraient dans la vie professionnelle, ils avaient, pour la plupart, atteint la trentaine. La vie commune dans ce milieu très uni et très particulier qu’était le monde universitaire, les connaissances acquises lentement au cours de ces longues années d’études, avaient déjà noué les liens d’une profonde unité entre ces officiers et gens de pratique que rapprochaient par la suite leurs activités professionnelles autour de la justice royale. Pour définir le milieu parlementaire, il paraît donc indispensable d’étudier sa culture. Georges Duby a mis en valeur « la coïncidence entre la diffusion d’un certain type de culture et la formation d’une certaine catégorie sociale, consciente d’elle-même et apparaissant dans sa cohésion, dans son homogénéité aux autres groupes sociaux ». Cette idée que Georges Duby applique à un large groupe social comme celui de la noblesse ne peut-elle s’appliquer à un groupe restreint comme celui du Parlement ?