Jacques Raponde, marchand de manuscrits enluminés
Brigitte Buettner
Brigitte Buettner, "Jacques Raponde, marchand de manuscrits enluminés", dans Médiévales, 1988, n° 14, p. 23-32.
Extrait de l’article
Les études consacrées aux divers aspects du marché de l’art ont bénéficié d’un indubitable regain d’intérêt ces dernières années, et ce dans des optiques très variées. Les spécialistes de l’histoire économique, les sociologues de l’art, les historiens de l’art, de la culture ou du goût, se sont tour à tour penchés sur la formation des artistes, sur leurs méthodes de travail, sur la réalisation des œuvres d’art, sur leur mise en circulation et enfin sur la consommation proprement dite ; on s’est intéressé au statut des artistes, aux agissements des marchands d’arts ou d’autres types d’intermédiaires, au profil des collectionneurs, des mécènes et d’autres acquéreurs. (...)
En raison de la structure monarchique de la France, la famille royale et le sommet de la classe nobiliaire sont les principaux consommateurs de produits artistiques de luxe : orfèvrerie, manuscrits enluminés, programmes sculpturaux et architecturaux d’envergure, etc. L’impulsion donnée aux lettres et aux arts sous les règnes de Charles V et Charles VI est trop connue pour qu’on y insiste ici. Néanmoins on a eu tendance à surestimer l’emprise personnelle des mécènes sur la commande d ’œuvres d’art : les écrivains, traducteurs et artistes directement engagés par les princes, formant un groupe privilégié mais encore restreint, ne peuvent satisfaire toute la demande. La pratique du don, qui, comme l’a souligné B. Guenée, a aussi l’avantage d’assurer aux œuvres une diffusion certaine, est très largement répandue.