La bibliothèque du comte de Toulouse. Portrait d’un amateur de musique
Catherine Massip
Massip, Catherine. La bibliothèque du comte de Toulouse. Portrait d’un amateur de musique, Cahiers Saint-Simon, n° 37, 2009. Mécènes et collectionneurs, p. 17-24.
Extrait de l’article
« C’étoit un homme fort court, mais l’honneur, la vertu, la droiture, la vérité, l’équité même, avec un accueil aussi gracieux qu’un froid naturel, mais glacial, le pouvoit permettre ; de la valeur, de l’envie de faire, mais par les bonnes voies, et en qui le sens droit et juste, pour le très ordinaire, suppléoit à l’esprit ; fort appliqué d’ailleurs à savoir sa marine de guerre et de commerce, et l’entendant très bien ». Sage, silencieux, mesuré, tels sont les autres adjectifs qui, pour Saint-Simon, qualifient la personnalité du comte de Toulouse et la distinguent de celle du duc du Maine dans ce portrait dessiné en 1707. L’attitude du comte de Toulouse au moment de la Régence confirmera cette réserve et le refus des aventures politiques.
Je ne reviendrai pas sur la biographie bien connue du comte de Toulouse, né en 1678, légitimé en 1681, comblé d’honneurs et de charges dont celle de Grand amiral de France (en 1683) et de gouverneur de Guyenne à l’âge de 7 ans. Quelques rapprochements de dates pourtant intriguent : c’est en 1703 et 1704 qu’il participe avec succès en Méditerranée à quelques opérations maritimes pendant la Guerre de Succession d’Espagne, et, de même en 1703 et 1704 qu’il lance la constitution de la vaste collection musicale qui porte maintenant son nom. Le 10 novembre 1704, le roi Philippe V lui décerne l’ordre de la Toison d’or que l’on retrouvera sur certaines armoiries.