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Le duc Claude, collectionneur. L’énigme du Gaston de Foix attribué à Raphaël des ducs de Saint-Simon

Hélène Himelfarb

Himelfarb, Hélène, "Le duc Claude, collectionneur. L’énigme du Gaston de Foix attribué à Raphaël des ducs de Saint-Simon", Cahiers Saint-Simon, n° 21, 1993. Le duc Claude, 1607-1693, p. 45-60.

Extrait de l’article

Dans le roman héroïque que Saint-Simon a fait de la vie de son père, pour des raisons qui relèvent tout autant de l’esthétique historique que de la psychanalyse, il n’y a guère de place pour les livres ni pour les arts. On voit bien le jeune Claude protéger les débuts du grand chanteur Pierre de Nyert, mais c’est pour le céder fort vite à Louis XIII esseulé et ennuyé le soir dans son camp alpestre en 1629. On le voit, quinquagénaire soupçonneux, hanter en 1662 la boutique d’un libraire parisien, mais c’est pour y maculer à la plume les marges d’une pile d’exemplaires tout neufs des Mémoires de la Rochefoucauld d’un « L’auteur en a menti » dont la sévérité rageuse présage irrésistiblement à nos yeux les futures Additions de son fils au Journal de Dangeau. Et quand le mémorialiste rapporte le legs à son père, par Montmorency allant à l’échafaud en 1632, d’un exceptionnel Vertumne et Pomone d’Annibal Carrache, l’accent est si bien mis sur la seule « persévérance » de Claude à risquer sa faveur par solidarité amicale et familiale, l’admiration pour cette « Pomone la plus belle et la plus agréable qu’on saurait voir, de grandeur naturelle » est si bien inscrite au crédit du seul écrivain (« Je l’ai encore, et je le garde précieusement »), qu’il nous faut un léger effort pour nous aviser qu’après tout, si M. de Montmorency choisit de remercier son jeune ami par le don d’un grand Carrache, c’est que ce faisant, il savait lui faire plaisir.

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