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« Le duc d’Antin et l’art », goût sincère, obligation professionnelle ou ostentation sociale ?

Sophie Jugie

Jugie, Sophie. « Le duc d’Antin et l’art », goût sincère, obligation professionnelle ou ostentation sociale ?, Cahiers Saint-Simon, n° 37, 2009. Mécènes et collectionneurs, p. 41-56.

Extrait de l’article

Plusieurs titres recommandent d’évoquer le duc d’ Antin dans le cadre de ces études sur les mécènes et collectionneurs chez Saint-Simon. Les pages que lui consacre le mémorialiste et d’autres chroniqueurs de l’époque comme Dangeau ou Luynes, et un peu plus tard Voltaire, qui ont servi de base à Sainte-Beuve pour l’ériger en figure caractéristique du « parfait courtisan » ; le soin qu’il a pris lui-même de rédiger son autobiographie ainsi que plusieurs recueils de souvenirs sur la vie politique. Cette introspection met à notre disposition nombre de notations qui, confrontées aux témoignages des contemporains, permettent d’approcher la mentalité et la sensibilité du personnage ; sa place si singulière à la cour de Louis XIV, puisque sa qualité de fils légitime de M. et Mme de Montespan en fait le demi-frère des enfants de Louis XIV et de Mme de Montespan, et le place donc dans un rapport très spécifique de parentèle avec le roi, sa famille illégitime mais aussi légitime ; l’ascension sociale, consacrée par l’accession à la pairie, que cette situation atypique a favorisée, mais qui relève d’une ambition familiale de plusieurs générations, enfin couronnée de succès dans la personne du duc d’ Antin ; permis par cette ascension et en témoignant, la construction et l’aménagement de plusieurs résidences somptueuses, avant tout le château de Bellegarde dans l’Orléanais, l’hôtel d’Antin à Paris, et surtout le château de Petit-Bourg à proximité de Paris, demeures richement pourvus en œuvres d’art ; ses fonctions de directeur des Bâtiments du roi, qui en font un acteur de la création des années 1708-1736 et le placent en contact avec tous les artistes travaillant alors pour le roi ; le prêt exceptionnel par le roi de cent trente tableaux de son cabinet qui ornèrent pendant plusieurs dizaines d’années son hôtel parisien.

A cette énumération on perçoit que le duc d’Antin constitue un cas très particulier. Il n’est pas facile de déterminer ce qui relève d’un goût sincère, d’une sorte d’obligation professionnelle ou de l’ostentation sociale. Il est incontestablement en contact avec la création artistique, de façon personnelle et professionnelle. Est-il pour autant un collectionneur ou un mécène ?

[Lire la suite (persee.fr)->https://doi.org/10.3406/simon.2009.1461